So, Anyway, de John Cleese

(Ce billet a été initialement publié sur www.hu-mu.com le 13 Novembre 2014)



Il y a quelques temps, suite au billet enthousiaste de l'ami Cédric, j'avais acheté et dévoré avec délectation les deux premiers tomes des Diaries de Michael Palin qui racontaient, à travers des extraits choisis de son journal intime sa vie depuis Python jusqu'à la fin des années 80 et ses tous débuts dans le reportage de voyage pour la BBC (le troisième tome vient de sortir).

Fan invertébré de Monty Python, j'ai donc tout naturellement acquis l'autobiographie de John Cleese intitulée So, Anyway lorsque je l'ai vue en vente dans un aéroport de passage. Contrairement à Cédric, je n'ai pas de "Python préféré" et je dois dire que Cleese m'a toujours semblé assez singulier, une sorte de Python réticent peut-être. Ce mélange de rigidité si British et de capacité à faire et dire les choses les plus outrancières m'a toujours fait hurler de rire.

Ce qui me semblait (à moi) le plus intéressant, comme pour les journaux intime de Palin, c'était la vie pendant et après Python: comment devient t'on une superstar du jour au lendemain, sans vraiment s'en rendre compte, comment gère-t'on cette célébrité soudaine, comment opère-t'on la transition vers sa propre carrière après avoir fait partie d'un collectif. So, Anyway, clairement, ne répond à aucune de ces questions et, dans un souci d'honnêteté aurait pu s'intituler "Life Before Python" (la vie avant Monty Python). Le livre se termine en effet sur les premières rencontres des six compères avec (tout de même), une courte postface sur la réunion de cet été et les spectacles des cinq survivants à l'O2 de Londres.

Passé cette déception (qui ne se matérialise que progressivement, au fur et à mesure de la prise de conscience qu'il n'y a clairement pas assez de place dans le bouquin pour parler des années Python), So, Anyway n'en reste pas moins un bouquin bien écrit et attachant, amusant par moments même si l'auteur semble penser que son texte est plus drôle qu'il ne l'est réellement. On l'imagine bien s'étouffer de rire en relatant ses souvenirs, mais dans un certain nombre de cas, comme dit l'adage "il fallait y être".

L'aspect déterminant de la construction du jeune Cleese, aspect qui peut expliquer également sa fascination pour la psychologie et les sciences cognitives, c'est sa relation avec sa mère. Relation tendue et difficile qui pollue le rapport plus simple et aimant qu'il a avec son père. Pour Cleese, ça explique certainement une partie de son manque de confiance chronique. La section concernant son enfance et son adolescence est assez étoffée, sans doute parce que l'auteur lui-même considère que ces années l'ont forgé.

On suit ensuite Cleese dans les débuts de sa carrière, de son implication dans les Footlights de Cambridge avec Graham Chapman à son entrée dans le monde du spectacle, ses premières expériences théâtrales qui provoquent ses premiers voyages à l'étranger et son long séjour à New York qui lui vaudra de rencontrer Connie Booth et Terry Gilliam. Le livre se termine alors qu'il a déjà derrière lui deux séries TV à succès qui commencent à ressembler à du Monty Python avant l'heure et qu'il est appelé à monter un collectif pour lancer le Flying Circus.

Au final, le livre est agréable à lire et apporte un regard intéressant sur John Cleese tel qu'il se voit, mais je n'y ai pas trouvé le souffle des journaux intimes de Palin. On a le sentiment que finalement, c'est plus un exercice d'introspection qu'une autobiographie, exercice qui aurait pu être plus intéressant s'il avait réellement été aussi drôle que Cleese le souhaitait. Pas rédhibitoire, mais pas indispensable non plus.

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