Oltrée! : Chroniques Batraciennes Épisode 1




Episode 1 : Le Fortin Englouti

(Voir l'Amorce)

Le Troisième jour de la Semaine Haute de Saltimbanque, nos quatre patrouilleurs pénètrent dans les collines à l'ouest des Monts d'Airain. Il fait plutôt beau temps pour un début de printemps, et la marche n'est pas particulièrement pénible. Après quelques heures de progression, les patrouilleurs aperçoivent une ruine au loin, d'où émerge la silhouette d'une statue (Exploration / Obstacle). Tandis que Donatien, qui a eu un entraînement militaire, immobilise les hommes pour évaluer l'éventuelle menace, Demetrius lui court vers le lieu aperçu au loin. "Une ruine! Il faut voir ça de plus près!" Sajjabi décide de faire le tour de la colline à laquelle est adossée la ruine pour vérifier que ne s'y massent pas des troupes ou des créatures qui leur voudraient du mal. Il pousse Mwaï des talons.

Demetrius est arrivé près de la ruine. Au centre de ce qui a dû être une large pièce recouverte d'un toit trône une magnifique statue de femme. La statue est très bien conservée, ce qui n'est pas le cas du reste de l'édifice: tout juste reste-t'il quelques colonnes autour de la surface du sol pour suggérer la manière dont le toit a dû être soutenu. Demetrius distingue des inscriptions sur le piédestal de la statue et s'approche pour les observer.

Sajjabi revient de sa petite exploration et fait signe à Donatien que rien de particulier n'est à observer. Kottarr, silencieux, examine les lieux, la main pas loin du manche de sa grande hache.

Tout à coup, le sol s'effrite et se dérobe sous les pieds de Demetrius. Les dalles tombent, et lui avec. Il atterrit sur un sol boueux, un peu meurtri par la chute et les pierres qui lui sont tombées sur la tête. Autour de lui, il aperçoit une pièce de la même taille que celle du dessus, et une cage d'escalier bouchée par un éboulement qui devait remonter à l'étage. Donatien lui envoie une corde, et Sajjabi se hâte de le rejoindre, laissant Mwaï à l'air libre. Le chevaucheur se retrouve dans la boue jusqu'au torse toutefois, et après avoir avalée malencontreusement une gorgée de liquide terreux, il décide de remonter.

Demetrius finit d'examiner la pièce. Le piédestal de la statue (visiblement plus solide que le plancher de l'édifice) est orné d'inscriptions et de bas-reliefs. Il détermine sur la base du style de gravures qu'il s'agit probablement de la période du Haut Empire, et finit par déduire que la statue représente probablement la déesse Impériale connue sous le nom de La Gardienne. Ayant dégoté un morceau de métal rouillé dans une cavité, il finit par remonter et la patrouille se remet en route.

 Le terrain devient moins accidenté au fur et à mesure que la troupe descend vers le sud-ouest. Bientôt, les collines laissent place à une plaine recouverte de hautes herbes. Kottarr et Sajjabi y voient aussi bien qu'on y voit en forêt, et même Demetrius et Donatien doivent se hisser sur la pointe des pieds pour espérer, vaguement, voir quelque chose. Après un certain temps, les patrouilleurs entendent des cris, d'abord lointains, puis en se rapprochant distinguent un mélange de hennissements et de cris d'enfants. Cela ne semble pas être des cris de terreur, mais plutôt du chahut, des cris de joie (Exploration / Obstacle).

Soudain, les herbes se dégagent en une immense clairière à peu près circulaire. Les patrouilleurs voient alors un petit troupeau de chevaux gardé par plusieurs enfants blonds à la peau cuivrée qui semblent rivaliser d'acrobaties hippiques: ils chevauchent à cru, sautent sur les chevaux qui galopent, ou se tiennent debout sur le dos des chevaux. Donatien s'avance et salue les enfants qui ne les avaient pas remarqués. Les enfants prennent peur, et l'un d'entre eux siffle pour rattrouper les chevaux, puis ils fuient au grand galop dans les herbes.

Les patrouilleurs continuent d'avancer, mais bientôt ils entendent le fracas de galops nombreux. Devant eux surgît une troupe d'hommes aux torses nus, de longues tresses blondes ou rousses cascadant sur leurs épaules. Il y a une dizaine d'hommes, tous à dos de cheval. En tête de la troupe, un homme qui semble être le chef interpelle la patrouille dans un citadin approximatif:

- "Qui vous?"
- "Nous sommes des patrouilleurs" répond Donatien. "Je suis Donatien, voici Demetrius, Kottarr et Sajjabi."
- "Moi Bakht. Pourquoi effrayer enfants?"
- "Ce n'était pas notre intention, mais ils se sont enfuis à notre vue. Je suppose que le fait qu'ils n'aient pas compris notre langue n'a pas du aider."
- "Où vous aller?"
- "Nous comptons retrouver le fortin de la Patrouille le long de la rivière Vermillon. Savez-vous où il se trouve exactement?"

Les cavaliers parlent entre eux. Pendant ce temps, Sajjabi, qui ne se sent pas très bien depuis un moment déjà est soudain pris d'un spasme et tombe de Mwaï avant de vomir abondamment au sol. Demetrius s'approche de lui pour voir ce qui ne va pas et lui fait passer une gourde d'eau pour qu'il se rince. "Ça doit être l'eau croupie que j'ai avalé dans la ruine…" râle le chevaucheur (Persécution).

- "Nous connaître pas château près de rivière."
- "Eh bien dans ce cas nous allons nous mettre en route pour le retrouver."
- "Pourquoi moi laisser vous passer?"
- "Et bien parce que nous allons rester dans la région et qu'il serait préférable je suppose que notre relation commence bien? Néanmoins, j'ai un petit cadeau à vous faire, en toute amitié."

Donatien fait signe à un de ses serviteurs d'aller chercher une meule de fromage des provisions, et l'amène au chef des cavaliers. Celui-ci prend le fromage des mains, le hume et dit:
- "Sent fort. Ça bon?"
- "Très bon."
- "Lait de vache?"
- "De chèvre je crois."
- "Merci. Moi aussi faire présent."

Bakht claque des doigts et aboie quelques mots en langue Cavalière. Un homme bondit de son cheval, ouvre une sacoche et en extrait un énorme morceau de viande rouge encore sanguinolente.

- "Ca viande de Shtupak, excellent cheval de moi mort pas longtemps. Toi mange cru ou fait cuire comme Impériaux."

Donatien remercie le chef Cavalier et promet qu'ils se reverront bientôt. Les patrouilleurs reprennent la route, et à la tombée de la nuit ils aperçoivent la rivière Vermillion (Exploration / RAS) qui, à l'endroit auquel ils aboutissent forme un lac. Sur l'autre rive on aperçoit nettement un terrain marécageux, mais la rive nord semble solide et pas trop humide. Il est décidé de monter un camp et d'établir des tours de garde. Les serviteurs de Donatien font cuire l'immense steak de cheval, que les patrouilleurs se partagent avec délectation.

Le lendemain matin, alors que la patrouille fait sa toilette matutinale, on aperçoit Kottarr au bord du lac, les mains immergés qui psalmodie un chant incompréhensible. Cela dure près d'une heure, et au bout de ce long moment Kottarr se redresse, l'air perplexe.

- "Qu'est-ce qu'il se passe?" demande Demetrius.
- "J'ai dû offenser les esprits des Eaux… Ils ne répondent pas à mon appel…"

En effet, Kottarr ne parvient pas à appeler les esprits de la rivière à son aide (Persécution).

Donatien décide qu'il faut ce matin qu'ils explorent cette rive de la rivière pour retrouver le fortin, ou au moins des traces de celui-ci. Sajjabi, bien qu'encore bien barbouillé décide de participer, et c'est heureux puisque très rapidement il remarque que le fameux lac (qui s'avère plutôt être un étang) au bord duquel ils ont monté le camp est artificiel (Exploration / RAS et jet pour fouiller un hexagone réussi à la première carte!). Il y a un barrage de pierres qui crée une retenue d'eau, et il n'est clairement pas naturel. Du coup, le chevaucheur examine de près le fond du lac et sous certains angles, il lui semble que la lumière du soleil matinal découpe des formes qui pourraient être des pierres empilées. Il faudrait dégager le barrage, mais ça semble être une opération délicate.

- "Je peux demander l'aide des esprits de la rivière, mais je dois d'abord me purifier."

Kottarr se baigne dans l'eau de la rivière puis semble s'asseoir au bord de l'eau et méditer pendant quelques temps (Exaltation). Il commence ensuite le même genre de psalmodies que le matin venu. Au bout d'une heure environ, l'eau autour de lui se met à bouillonner, puis une silhouette apparaît. Une voix glougloutante en émerge:

- "Petit-fils des Titans, quelle est ta volonté?"
- "Pourrais-tu nous débarrasser du barrage de pierres qui bloque la rivière et redonner à celle-ci son cours originel?"
- "Avec grand plaisir!"

La créature élémentaire se jette dans les flots et bientôt les pierres du barrage sont délogées une à une. Le courant emporte bientôt le reste de l'édifice, et la rivière reprend ses droits, vidant une bonne partie de l'étang. L'élémentaire repousse également les berges une trentaine de mètre plus au sud. Le fond de l'étang apparaît bientôt et on y distingue quelques murs en ruine.

Après une journée de labeur et de nettoyage, les patrouilleurs ont dégagé le fond de l'étang et évacué l'essentiel des ruines. Il apparaît clairement qu'il s'agissait là du fortin, mais il n'en reste pas grand-chose sinon quelques murs en ruine. Il y a toutefois une dalle sur ce qui a du autrefois être le sol du fortin, avec un anneau en métal. Demetrius insiste pour qu'on l'ouvre immédiatement, même si Sajjabi exprime clairement son désaccord et précise qu'il n'y descendra pas. Il a assez bu de boue pour la semaine. Seulement la dalle résiste, jusqu'à ce que Kottarr, passablement énervé, s'empare de l'anneau et tire de toute ses forces, faisant voler la dalle au loin sous les yeux ébahis de ses compagnons. (36 sur le jet!)

La dalle ouvre sur une pièce dont on ne distingue que vaguement les murs. Elle est encore à moitié immergée. Demetrius décide d'y aller en reconnaissance. Il descend aidé d'une corde (bien qu'il y ait des anneaux en métal qui permettent d'accéder au sous-sol). Donatien le suit, et tous les deux s'éclairent d'une torche. Ils distinguent un mur dans la pénombre et s'en approchent, mais à ce moment-là Donatien sent quelque chose qui frôle sa jambe.

- "On remonte, tout de suite!"
- "Non mais attend, on a encore rien vu!"
- "On remonte tout de suite, y a des saletés dans l'eau!"

Donatien remonte l'échelle, bientôt suivi de Demetrius. Juste au moment où celui-ci sort la deuxième jambe de l'eau il sent quelque chose qui tente de l'attraper, mais s'extirpe à temps. Une fois remontés, les patrouilleurs décident de tenter de voir à quoi ils ont affaire. Ils attachent un morceau de viande de cheval restant du repas de la veille à un crochet, et le descendent au bout d'une corde. Ils le trempent dans l'eau une première fois, et rapidement sentent que ça "mord", mais quand ils remontent le crochet il n'y a plus rien au bout.

Lors d'une seconde tentative, les patrouilleurs aperçoivent distinctement une paire de mains grises ou verdâtres qui détachent le bout de viande du crochet. Ils la bombardent de flèches, mais sans certitude d'avoir touché.

(Ce billet a initialement été publié sur www.hu-mu.com le 24 Octobre 2013)

Comments