Influences Rôlistes #4 - Vampire La Mascarade

(En 2018 j'avais entamé une série de billets sur Facebook présentant les jeux qui m'avaient le plus influencé. Je n'ai jamais terminé cette série. Je me suis dit que c'était une occupation comme une autre en ces temps introspectifs, donc voici cette série, révisée et complétée.)







A la fin des années 80, j'avais eu entre mes mains, lu et joué à probablement une douzaine de jeux, et je crois que c'est fin 1990 que je me suis procuré Vampire. A l'époque j'étais surtout intéressé par la connection avec Ars Magica (que j'aimais beaucoup bien que n'ayant jamais réussi à le faire jouer correctement) et intrigué par l'idée de jouer des vampires. La hype n'avait pas encore vraiment commencé, je n'y ai été confronté que plus tard, quand j'étais en Angleterre.

Au début Vampire m'a plutôt perturbé, et je me souviens d'avoir fait jouer le scénario du livre de base avec des résultats plutôt épouvantables. Je pensais toujours en termes de JdR traditionnels d'exploration ou d'investigation, et bien que les deux soient possibles à Vampire, c'était surtout un jeu d'interaction, de politique et de survie (à tout le moins de préservation de son Humanité).

Plus tard, en 1993, j'ai lancé une campagne avec Alexis, Guillaume, Christophe et Anne, en prenant pour décor la France à l'orée de la Révolution. C'est à ce moment là que j'ai vraiment commencé à piger l'esprit du jeu. Cette première campagne était encore très dirigiste, et je ne me souviens pas de grand chose en détail, sinon que c'était une sorte de road movie sur les routes de la France révolutionnaire, et qu'un des personnage avait fait une frenzy (je ne me souviens plus du terme en Français) monstrueuse et décimé un village entier dans sa soif de sang, si bien que le joueur avait décidé que le personnage avait perdu la parole à cause du traumatisme.

En 1994 on a joué une second campagne avec le même groupe de joueurs (plus Julie pour quelques parties) cette fois ci à St Petersbourg en 1905. C'est vraiment au cours de cette campagne là que j'ai compris ce qui faisait l'essence du jeu et que j'ai commencé à comprendre ce qu'on appellera plus tard le jeu en mode bac à sable. L'idée qu'on puisse préparer l'environnement de jeu, et des accroches, mais que l'histoire elle-même soit entièrement menée par les choix des joueurs étaient (pour moi) franchement révolutionnaire. Ce n'est que bien plus tard que j'entendrais parler des tous premiers bacs à sable (Wilderlands, etc.)

Mais Vampire proposait également une sorte de Huis Clos: les personnages interagissaient toujours avec les mêmes PNJ, découvrant de plus en plus en profondeur leurs relations et comprenant les mystères qui les entouraient. Chicago proposait même des proto diagrammes de relations (relationship maps.)

J'ai fini par me lasser de Vampire, cela dit, et ce n'est pas un jeu que j'ai particulièrement envie de revisiter aujourd'hui. A cela essentiellement trois raisons: d'abord parce que le jeu lui-même, au fil des publications, a perdu son âme, focalisé de plus en plus sur de nouveaux pouvoirs, de nouveaux clans et un métaplot sans intérêt pour le jeu. L'idée que le coeur du jeu soit la préservation de l'Humanité des personnages est devenue secondaire, laissant la place à une sorte de jeu de super-héros aux dents longues. Bien sûr, rien n'empêchait de le faire jouer comme à ses débuts sinon qu'avec la popularité du jeu de plus en plus de joueurs lisaient et achetaient les suppléments et s'attendaient à autre chose que ce que j'avais envie de proposer. La seconde raison était un des éléments centraux du jeu: les personnages étaient manipulés par les anciens, ce qui imposait un dirigisme de fait. Moins le dirigisme m'intéressait en tant que maître de jeu et plus Vampire m'agaçait. Enfin, après l'avoir fait jouer plus d'un an en Angleterre avec John, Inigo, Peter et Andy (si je me souviens bien), la noirceur du jeu a commencé à me déprimer. Et puis le perso de John a tué le perso de Pete lors d'une frenzy, et après ça les choses n'étaient plus aussi intéressantes.

Il n'empêche, je mentirais si je prétendais que Vampire n'a pas eu une profonde influence sur ma manière de maîtriser des jeux encore jusqu'à aujourd'hui.

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