The Sculptor de Scott McCloud



Scott McLoud est sans doute connu plus pour ses BDs sur le langage de la BD, en particulier l'Art Invisible (Understanding Comics) que pour ses propres oeuvres de fiction. Zot! est le seul de ses bouquins que j'ai lu, et il ne m'a pas laissé un souvenir impérissable. Néanmoins, The Sculptor (qui j'imagine s'appellera Le Sculpteur quand il sera traduit en Français) me tentait au point de le recommander au Père Noël pour ma femme. Ce qui ne m'a pas empêché de le lire.

The Sculptor c'est l'histoire d'un sculpteur raté, un homme au bout du rouleau, dont le talent est indéniable mais qui n'arrive pas à percer dans son art. Un soir alors qu'il se bourre consciencieusement la gueule dans un bar New Yorkais, il fait un pacte avec la Mort: celle-ci lui donnera les moyens d'obtenir la reconnaissance dont il rêve, mais dans 200 jours, il mourra. Le livre est donc l'histoire de ces quelques mois. Ca parle d'art, de talent, de business et d'amour. Et de mort, bien évidemment.

Graphiquement, le trait monochrome de McCloud est très agréable, rond et chaud. Les teintes bleutées du livre refroidissent un peu l'impression générale, mais ça reste tout à fait plaisant, très clair et lisible. On sent que McCloud ne s'est pas contenté de puiser à des sources Américaines mainstream pour se faire sa plume. Mais le graphisme est tout entier dédié à raconter l'histoire. A part quelques planches assez spectaculaires, l'essentiel est de propulser la narration.

Et cette narration est bien travaillée, prend son temps pour bâtir à la fois un attachement aux personnages principaux et une histoire qui ait du sens. L'incursion du surnaturel reste périphérique au propos, qui est surtout la distinction entre le talent et le succès, entre l'art et la reconnaissance de l'art. Et également la difficulté à savoir ce que l'on veut en tant qu'artiste. C'est un propos universel, qui s'applique tout autant à la BD qu'aux autres formes d'art. Tout cela est très bien amené avec peut-être pour seul bémol un dénouement "surprise" un peu attendu.

Je n'irais pas jusqu'à dire comme Neil Gaiman sur la couverture que c'est "le meilleur roman graphique que j'ai lu depuis des années" (Gaiman ne doit pas avoir le temps d'en lire des masses), mais c'est de la bonne came. (Ce billet a été initialement publié sur www.hu-mu.com le 6 Janvier 2016)

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