(Ce billet a été initalement publié sur www.hu-mu.com le 30 Octobre 2012)
La préhistoire est une période auquel on associe un imaginaire riche et assez accessible, en tous cas pour tous les jeunes garçons qui ont rêvé de dinosaures, mais à bien y réfléchir, on trouve peu d'ouvrages de fiction qui s'en inspirent. En roman, la Guerre du Feu de Rosny Ainé reste la référence, mais n'a pas exactement lancé une mode (même si Les Enfants de la Terre de Jean Auel sont un succès planétaire). En bande dessinée, on pensera d'abord à Rahan, les autres références étant clairsemées et peu connues.
Surtout, la préhistoire humaine est généralement traitée, dans la fiction, sous un angle réaliste (pour autant qu'on considère la cohabitation des hommes et des dinosaures comme réaliste) ou en tous cas dénué de fantastique. Mezolith, bien que très documentée sur les croyances et les rites préhistoriques est une BD qui propose justement une proto-histoire sombre où le surnaturel non seulement existe mais façonne le quotidien des hommes.
Les six courtes histoires réunies dans ce que l'on espère n'être que le premier tome de Mezolith sont centrées sur le personnage de Poika, jeune garçon futé, impatient et (parfois) inconscient qui est confronté aux influences bien réelles du surnaturel, que ce soit directement ou à travers des histoires qui lui sont racontées. La version anglaise de la BD présentait le projet comme de l'horreur préhistorique, et c'est une bonne définition à plus d'un titre. L'histoire du bébé abandonné qui dévore ceux qui le recueillent, celle de la femme cygne, tous ces contes qu'on peut trouver sous d'autres formes dans les recueils de contes Inuits sont traités sous un angle inquiétant, dérangeant, et c'est tant mieux.
Graphiquement, Mezolith est magnifique. Le dessin est nerveux, les couleurs sombres accrochent l'oeil et le découpage est très bien rythmé. Les histoires, quand à elles, font découvrir au lecteur à la fois l'univers d'un mésolithique où les croyances sont réalité et les personnages de la tribu de Poika, auxquels on s'attache très vite, du jeune garçon lui-même à son père en passant par les grands frères adultes un peu dépassés par l'ardeur du plus jeune et évidemment la sorcière corbeau, aussi bienveillante que flippante...
C'est une BD vraiment extraordinaire que je ne peux que recommander. La rumeur voudrait que l'auteur soit en train de plancher sur une suite, et même si ce premier tome se tient entièrement de manière autonome, j'espère bien qu'on en lire plus sur les aventures de Poika bientôt!
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