Mascarade de Florence Magnin


Je suis fan de Florence Magnin illustratrice depuis les premières couvertures de Rêve de Dragon. Ces illustrations m'ont amené à découvrir les bandes dessinées de Magnin, entre le conte merveilleux qu'est l'Autre Monde et la fable plus sombre de Mary La Noire. C'est donc tout naturellement que je me suis procuré Mascarade, sa dernière BD parue récemment.

Première surprise, Mascarade est un bon gros bouquin, autour de 240 pages. Deuxième surprise, le style graphique de Magnin, bien qu'instantanément reconnaissable, c'est pas tout à fait comme d'habitude: le trait et les couleurs sont un peu moins précis, un peu moins "illustrés". C'est en fait une surprise en trompe l'oeil parce qu'elle joue de styles graphiques multiples pour illustrer les différentes réalités de son récit. Certaines, donc, ressemblent à son style "classique", d'autres sont plus lâches, d'autres enfin sont des planches muettes quasiment monochromes qui tranchent avec les couleurs riches du reste de l'album.

Mais, si l'album est une réussite graphique indéniable, c'est avant tout son scénario qui vous happe. Même s'il n'est pas d'une originalité folle (la petite citadine qui vient à la campagne et découvre de sombres mystères enfouis dans un village rural, ce n'est pas une accroche très nouvelle), il est bien mené, avec suffisamment de mystère et d'incertitude pour que le suspense reste entier jusqu'au bout ou presque.

Le personnage principal de Mascarade, Gaëlle est une jeune fille dont les parents sont en train de divorcer et dont là mère s'est mise à la colle avec un nouveau mec. Elle est plutôt rebelle  (la fille) et sûre d'elle et traîne le seul copain qu'elle s'est fait dans le village à travers la cambrousse. C'est là qu'elle découvre un masque en bois ouvragé, et cette découverte va précipiter les évènements qui forment la trame de Mascarade.

Je ne vous en dis pas plus pour ne pas gâcher le plaisir de la lecture, mais vous retrouverez beaucoup de thèmes chers à Magnin: les mondes parallèles, la frontière ténue entre rêve et réalité, les vieux sorciers barbus et bougons. Et franchement, c'est une lecture très plaisante. Pour l'ambiance, on pense à Comès (en moins sombre toutefois), mais également à Balade au Bout du Monde. Ce ne sont pas de mauvaises références même si graphiquement ça n'a évidemment rien à voir, et que l'onirisme particulier aux univers de Magnin transparaît de partout.

Bref, je ne saurais trop vous recommander ce Mascarade qui se dévoile doucement, puis vous immerge d'un coup dans son univers magnifique et onirique.

(Ce billet a été initialement publié sur www.hu-mu.com le 15 Décembre 2014)

Comments