JPod de Douglas Copeland



JPod m'a été recommandé par le même inénarrable Eric qui m'avait encouragé à acheter La Guerre Eternelle, c'est dire s'il est de bon goût. Il m'avait prévenu toutefois au moment de l'achat: "c'est bizarre".

Je me vois contraint de confirmer. C'est très bizarre. Mais pas désagréable!

JPod raconte le quotidien déjanté d'Ethan Jarlewski, programmeur de jeux vidéos au sein d'une société de développement Canadien. Le bouquin commence alors qu'Ethan et ses collègues sont confrontés à un chef de projet nouvellement arrivé dans la société et qui veut à tout prix laisser sa marque sur le dernier jeu en chantier, une simulation de skateboard branchée. Il a donc décidé qu'un des personnages devrait être une tortue. Les développeurs dont les compétences sociales sont un peu sous-développées (doux euphémisme) ne savent pas comment faire comprendre au management que c'est n'importe quoi et que ça garantit la mort commerciale dudit jeu, mais ne veulent pas pour autant bosser sur un truc aussi inepte... jusqu'à ce qu'ils décident de laisser leur propre marque sur le jeu en y incluant un easter egg aussi vicieux que dérangé.

Voilà pour la trame de ce roman dont vous l'aurez compris le sel n'est pas dans le scénario, mais plutôt dans la vie déglinguée du personnage principal dont les collègues sont aussi étranges que geeks, sollicité sans arrêt par ses parents (sa mère cultive du cannabis, son père passe ses journées en castings pour des seconds rôles minables, mais sa vraie passion c'est la danse de salon.) Au fil de l'eau, Ethan croisera un businessman chinois psychopate (lui aussi fanatique de danse, mais aussi de karaoké), une nouvelle employée aussi séduisante que résolue à quitter au plus vite le nid de tarés qu'elle vient de rejoindre, et enfin, l'auteur du bouquin lui-même, un personnage assez déplaisant qui achète à Ethan son PC pour pouvoir raconter sa vie dans un roman. "Une obligation contractuelle".

Bref, même si JPod est déglingué et fortement empreint d'un n'importe quoi assumé, c'est aussi une lecture facile et plutôt amusante. Coupland a été présenté comme l'auteur "le plus apte à décrire la nouvelle génération de geeks et leur quotidien". Pour ma part je n'ai pas trouvé une grande profondeur ou une grande pertinence dans la description d'un monde qui me semble largement fantasmé. Ce qui veut dire que je suis sois un vieux con, soit que l'auteur a su admirablement se foutre de la gueule des critiques.

Dans tous les cas, JPod est une lecture agréable et qui me change pas mal de mes habitudes. Rien que pour ça, ça peut valoir le coup.

(Ce billet a été initialement publié sur www.hu-mu.com le 28 Octobre 2013)

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