Godlike : L'Île de Lyudnikov Èpisode 1

(Ce billet a été initialement publié sur www.hu-mu.com le 4 Novembre 2013)


(Godlike est un JdR de super-héros qui se passe pendant la Seconde Guerre Mondiale. Sa particularité c'est que malgré les pouvoirs dont disposent certains Talents, ils n'en sont pas moins mortels...)

Le Politruk Suvarov parle à Mikhail Vladimirovitch Litvinenko:

-          "Micha, tu sais qu’il n’est pas dans nos habitudes de nous mêler du commandement militaire, mais le Parti porte une attention particulière aux hommes tels que toi et tes camarades spéciaux, les Nouveaux Hommes Soviétiques. Je dois savoir exactement ce dont vous êtes capable pour nous aider à remporter cette guerre, et j’ai exactement la mission qu’il faut pour tester votre capacité à travailler de concert.

Tu sais que depuis que le bâtiment administratif est tombé, nous ne pouvons nous permettre le moindre pas en arrière. A la moindre faiblesse, les Nazis nous jetteront dans la Volga et s’installeront sur nos berges. Ca ne se passera pas comme ça!"

-          "Nous ne les laisserons pas faire, camarade commissaire!"

-          "Nous n’avons plus de nouvelles de la maison 41 que le sergent Subbotin et trois de ses hommes défendaient encore il y a deux jours. Découvrez ce qui s’y est passé. Je veux que vous leur apportiez des munitions et des réserves s’ils sont vivants, ou que vous repreniez la Maison 41 s’ils sont morts. Nous vous relèverons à ce moment là. Choisissez deux de vos gars et formez une équipe."

-          "Seulement trois? On ne peut pas avoir quelques hommes réguliers avec nous ?"

-          "Micha, nous n’avons pas d’hommes disponibles et comme je vous l’ai dit, nous voulons avoir une idée de ce que vous valez. Ne me décevez pas."

-          "Bien sûr que non, Camarade."

Le Talent de Micha c’est sa peau qui fait office d’armure lourde. Il peut aussi devenir aussi fort qu’un bœuf quand il le faut.

-          "Lev, va voir le contremaître, il te donnera des réserves à porter. Stepan, prépare toi, on se met en route dans l’heure."

Lev est très habile avec son couteau de boucher, et qui plus est, il peut se dématérialiser à volonté, bien que cela lui cause des migraines intenses et lui fasse tousser du sang. Stepan peut sentir les homes autour de lui, même à travers les murs et les obstacles, et il est toujours le premier à agir.

Après avoir choisi un itinéraire jusqu’à la ligne de front, ou plutôt jusqu’au point extrême de la ligne de front, Mikhail réunit son équipe. Les trois hommes scrutent l’ouverture dans le sous-sol qui mène à une étroite tranchée. La nuit est sombre et ils ont 200 mètres à faire avant d’arriver à la sécurité relative de la Maison 65 qui n’est qu’une ombre vue d’ici. Depuis que les Allemands ont pris le bâtiment administratif, ils ont des lignes de tirs magnifiques pour leur mitrailleuses posées à pas 300 mètres plus loin, donc il convient d’avancer prudemment, même de nuit. Il y a des gens qui montent la garde partout, des bâtiments les plus proches au sommet des cheminées de l’usine géante qui surplombe toutes les têtes.

-          "Et c'est parti..." marmonne nerveusement Lev en se grattant l'avant-bras de son couteau jusqu'au sang.

Il fait une grimace en devenant insubstantiel. Il commence à trotter dans la tranchée, son souffle lourd dans le silence nocturne. Après qu'il aie passé les premiers 50 mètres, Mikhail s'élance à son tour, essayant de trouver un bon compromis entre vitesse et discrétion. Il se sent affreusement vulnérable si près de la masse noire de l'immense bâtiment de brique que les Allemands ont pris d'assaut deux jours plus tôt. Il voit Lev se glisser dans la maison qu'ils visent, mais à ce moment là une fusée de signalisation tombe doucement au sol, diffusant sa lueur rougeâtre. Mikhail se jette à terre et avance à quatre pattes jusqu'à la Maison 65. Il regarde derrière lui pour voir où en est Stepan. Ce dernier avance prudemment, se glissant d'un trou à l'autre pour éviter qu'une quelconque part de son corps ne soit vue. Lentement mais silencieusement, il parvient également à la Maison 65.

Le Caporal Borodine est à la tête de la petite garnison qui l'occupe.

-          "Hé, Micha, qu'est-ce que tu fous là?

-          On va à la 41

-          Pourquoi? Ils sont sûrement tous morts là-bas!

-          C'est ce qu'on doit découvrir...

-          Hé, Lev! Qu'est-ce que tu trimballes? Des provisions? Pour des morts? Sois sympa et partages ça avec nous, on dira rien à personne!

-          Pas question.

-          Allez, sois pas chien! Ca servira à rien aux morts, et nous on a besoin de réserves! Déconne pas!

-          Ah ouais? Ben viens les chercher alors, les réserves, si t'as les couilles!

-          Ah, merde, tu sais bien que personne peut te toucher dès que t'as ton surin en pogne... Oh et puis barre-toi, tiens, va te faire trouer ailleurs!"

Après un court trajet à travers une autre tranchée, le trio parvient à la Maison 66 tenue par le Caporal Novikiov, où la scène se joue presque à l'identique. Scrutant de l'autre côté du parc, Stepan distingue les rangées de maisons communautaires, certaines occupées par des Allemands, d'autres par des camarades soviétiques. Il active ses sens et sent que toutes les maisons sont occupées au sous-sol, même celle qu'il pense être la 41. Il y discerne trois personnes. Quand Novikov essaie de leur soutirer des rations en prétextant que ceux de la 41 sont morts, Stepan répond, calmement. "Ils ne sont pas morts, maintenant j'en suis sûr".

Leur prochaine étape, c'est la maison sans numéro à l'extrémité du parc. Pas de tranchée, deux-cent longs mètres à ramper entouré par des Allemands dans trois directions. Juste avant qu'ils ne partent, Novikov leur chuchote: "Allez-y prudent, les gars. Ils ont un as de tireur d'élite quelque part. Je vous jure que le gars fait dans le mille avec des roquettes et du mortier. Il faut que vous soyez très prudents à tout moment ou ils vous fera tomber un obus droit sur le coin de la gueule. J'ai jamais vu ça de ma vie..."

Lev part en rampant, levant occasionnellement la tête pour jeter un œil au-dessus des débris et vérifier qu'il va dans la bonne direction. Comment il est capable de respirer tout en étant immatériel, et pourquoi il ne s'enfonce pas dans le sol, personne ne le sait, même pas lui. Il faut dire que les lois de la physique lui importent peu, il se contente de rester en vie.

C'est Micha qui suit, parfaitement conscient que son armure ne le protègera pas d'un tir d'artillerie direct. Mais il se dit qu'il fait noir et qu'ils ne sont que trois silhouettes rampant à travers un labyrinthe de briques explosées, d'arbres tombés et de cadavres. Peut-être que personne ne les verra.

Stepan est le dernier de la file, et le seul à ne pas avoir de protection, mais il essaie de ne pas trop y penser tandis qu'il progresse lentement.

Ils aimeraient bien que leur progression se termine, mais ils n'osent pas accélérer de peur de révéler leur position. Soudain, ils entendent un sifflement qui vient dans leur direction. L'ouïe de Stepan est acérée, et il l'identifie facilement: "mortier, trop long, il va nous passer dessus, mais grouillons-nous!" L'obus explose un peu plus loin, mais maintenant ils n'ont plus le choix, il faut aller vite. Micha et Lev, plus costauds, distancent Stepan mais ne s'éloignent pas de trop pour pouvoir lui venir en aide si nécessaire.

Ils entendent des encouragements de la maison qu'ils essaient d'atteindre: "Plus vite, les gars! Allez, bâtards, vous pouvez y arriver!"

Juste avant qu'ils ne parviennent à la maison, un obus explose tout près. Des débris et des échardes de métal brûlants volent tout autour d'eux. Elles transpercent la peau pourtant surnaturellement résistante de Micha et traversent un Lev insubstantiel sans lui faire de mal. Stepan lui étouffe un cri: il est touché en trois endroits.

Ensanglantés, ils se jettent dans le trou qui mène au sous-sol de la maison tenue par le sergent Chernov:

-          "Hé, Viktor, donne moi un coup de main, il faut rafistoler les Nouveaux Hommes Soviétiques!"

-          "J'espère qu'ils ont de quoi faire des bandages dans les sacs qu'ils trimballent!"

Viktor n'est pas exactement une infirmière au toucher délicat ou au joli minois, mais il est compétent. Il les rassure bientôt:

-          "Personne n'est jamais mort de quelques shrapnels dans le cul. Au pire vous aurez un peu de mal à chier, c'est tout!!!"

Lev redevient matériel. Sa tête semble sur le point d'exploser, il crache du sang. Au bout d'un moment, le vertige s'amenuise quelque peu et sa vision redevient nette.

- "Vous avez de la Vodka ?"

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