The Ocean at the End of the Lane by Neil Gaiman



Sorti de Sandman qui reste pour moi une référence absolue, Neil Gaiman n'avait rien écrit jusqu'à récemment que je trouve à la hauteur de sa réputation. Ses idées sont généralement extraordinaires, mais il arrive rarement à les mettre en musique dans ses romans (à mon sens). En particulier, le principal défaut que l'on retrouve à travers presque tous ses bouquins est la passivité de ses personnages principaux qui voient l'histoire défiler autour d'eux mais la prennent rarement, voire jamais, en main.

Avec The Graveyard Book (L'Etrange Vie de Nobody Owen) j'avais tout de même senti une évolution, une meilleure maîtrise du récit, et c'est donc avec une certaine anticipation que j'ai acheté et lu The Ocean at the End of the Lane. C'est un court bouquin dans lequel il est facile de rentrer et difficile de sortir avant la fin. En un mot et sans en dévoiler trop, c'est comme une longue madeleine de Proust que le personnage principal vit en revisitant les lieux de son enfance suite à un enterrement (que l'on suppose être celui de sa femme, encore que ce ne soit pas très clair).

Dès les premières pages, on se retrouve plongé dans les mystères et les terreurs de l'enfance. Il y a du Stephen King dans la description tellement juste du monde des adultes vu par les enfants, mais du King sublimé toujours par ces idées aussi barrées qu'extraordinaires qui font la marque de fabrique de Gaiman. 

Entendons nous bien, ce n'est pas un livre pour enfants (contrairement au Graveyard Book susmentionné que vous devriez sans hésiter mettre entre les paluches de vos mômes dès 8-9 ans), même si le personnage principal en est un, d'enfant. Le bouquin est sombre, plutôt flippant, même si ne n'est pas de l'horreur mais plutôt une terreur sourde qui emplit ses pages.

Ma principale crainte, celle d'avoir de nouveau un personnage passif, n'était pas justifiée même s'il peut sembler pendant l'essentiel du livre que le héros subisse l'histoire. Le final toutefois le voit prendre les choses en main de façon décisive et avec de lourdes conséquences.

En bref, une excellente lecture, d'une poésie sombre qui ne pourra que plaire aux amoureux de littérature fantastique, et même oserais-je dire à ceux qui n'en lisent qu'à l'occasion. Gaiman serait-il enfin guéri du démon de la passivité?

(Ce billet a initialement été publié sur www.hu-mu.com le 7 Août 2013)

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